Je fais partie d’une génération bien souvent incomprise; j’ai vu mes parents et grands-parents s’inquiéter franchement de ce qui adviendrait de la force de travail lorsque ma génération représenterait la majorité de la masse salariale. On a parlé des jeunes comme des lâches, des indécis, des immatures sans détermination, sans attachement et sans respect pour l’autorité.
Je suis de la Génération Y.
Déf. Génération Y (n.f.) : La génération Y regroupe des personnes nées approximativement entre le début des années 1980 et le milieu des années 1990. D’autres termes équivalents existent, dont enfants du millénaire (millenials) ou les diminutifs GenY et Yers.
Pourtant, ce que je vois autour de moi est bien différent; je vois des jeunes passionnés par ce qu’ils font, une force de caractère incroyable, une grande ambition et une envie de s’impliquer qui surpasse celle de toutes les autres générations.
Pas convaincu? C’est là que je vous démontre par l’exemple. La semaine dernière, je me suis rendue à Longueuil pour rencontrer Frederik Laberge, 23 ans, de Groupe Laberge ainsi que son équipe. J’avais jasé avec son père, Pierre, en début de semaine et il m’avait dit à la blague : «Tu verras avec Fred pour l’entrevue, de toute façon c’est lui le boss.» J’ai ricané. En fait, c’est assez vrai! J’ai passé la journée avec Fred, à le regarder répondre au téléphone aux 5 minutes, gérer une quarantaine d’employés avec un grand respect et résoudre les problèmes d’une dizaine de clients. Alors je peux vous rassurer, vous pouvez être confiants tant qu’à l’avenir de l’industrie du remorquage, elle est entre bonnes mains.
Un peu d’histoire…
Groupe Laberge fût fondé en 1963 par Laurent Laberge, le grand-père de Frederik. À ce moment, Laurent opérait une station-service, un atelier de mécanique général ainsi qu’un serivce de remorquage. En 1980, Pierre Laberge se joint à l’entreprise familiale afin de s’occuper de la division de remorquage et dépannage. Le fils de Pierre, Frederik, développera très jeune un intérêt marqué pour l’entreprise et l’industrie en géréral. Il se joindra à l’entreprise en 2010, formant ainsi la troisième génération de Laberge à l’entreprise familiale.
Aujourd’hui, Groupe Laberge est fort de 50 ans d’expérience dans le domaine du remorquage et jouit d’une solide réputation en région
La famille Laberge
En entrant chez Groupe Laberge, on sent immédiatement l’ambiance familiale qui y règne. Mais, ce n’est pas juste l’ambiance, ça se voit dans les relations entre les gens, dans leur façon de se parler, dans l’attitude générale. Pourquoi c’est si fort? Parce que Groupe Laberge c’est plus qu’une entreprise familiale, c’est une famille. J’observais Pierre et Fred parler à leurs chauffeurs, et, c’est comme s’ils se connaissaient depuis toujours, comme… une famille!
«On est une grande famille ici; pour moi les gars sont tous mes mononcles ou mes petits frères. Pour Pierre, ce sont tous ses enfants.»
Et ce n’est pas seulement dans l’attitude, les Laberge joignent le geste à la parole et se montre très présents pour leurs employés, prêts à écouter, prêts à aider.
F : «On essaie de prendre les gars une fois par mois, nous réunir pour un dîner et briefer sur comment ça se passe, voir s’il y a des problèmes à l’interne, des doutes, des suggestions…»
Pour moi, c’est ça une famille, savoir qu’on a toujours quelqu’un sur qui compter, quelqu’un qui fait attention à nous, pour qui notre bien-être est important. Et, de ce que je comprends, Pierre et Fred exercent très bien leurs rôles de chef de famille.
Ils accordent également une grande importante à la conciliation travail/famille :
«On essaie d’être accommodant, de faciliter la conciliation travail/famille, de leurs accorder des congés quand ils le demandent. Pour nous c’est important que les gars aient du temps libre avec leurs femmes et leurs enfants.»
Image et réputation
Je ne sais pas si vous connaissez les Laberge, mais si oui, vous avez sûrement remarqué qu’ils ne correspondent pas tout à fait à l’image type que le public se fait du remorqueur. Toujours bien mis, Pierre et Frederik ont bien compris l’importance de la première impression :
F : «L’image que l’on projette est vraiment importante pour nous; c’est le premier contact que tu as avec le client. Tu ne veux surtout pas faire une job et qu’ils se disent à la fin que c’est la première et la dernière fois qu’il t’appelle parce que ton chauffeur avait le même linge depuis trois jours, sentait pas bon et que son truck était dégueulasse.»
Il poursuit , «Tous nos gars sont habillés à leur première journée; t-shirt, casquette, suit d’hiver… Ce n’est pas toutes les compagnies qui le font, mais pour nous c’est important.»
Une relève précoce
«Depuis que je suis sorti de l’hôpital en fait.» dit Frederik avec un large sourire en répondant à ma question; je lui ai demandé depuis quand il travaille chez Groupe Laberge :
«J’ai fait des voyages en Ontario en masse avec mon père quand j’étais petit. À 13 ans je travaillais comme dispatch et je faisais du ménage dans la cour la fin de semaine. Aussitôt que j’ai eu mon permis de conduire, j’ai commencé à faire du towing.»
Frederik s’occupe aujourd’hui de la division de remorquage de Groupe Laberge.
Je lui ai demandé s’il avait de la difficulté à se faire prendre au sérieux des employés et des gens de l’industrie en général, en raison de son jeune âge :
«Ici ce n’est pas vraiment un problème; la plupart des gars ont été habitués à travailler avec moi. Mon approche est assez friendly avec le staff aussi, ça facilite les échanges. Avec les clients, au début, ça été plus difficile; le client veut toujours faire affaire avec le président, celui qui peut prendre la décision. Avec le temps, à force de me voir et d’apprendre à me connaître, ils ont compris qui j’étais et mon âge n’importe plus aujourd’hui. Ce qui est important, c’est la relation que tu entretiens avec ton client.»
Vers une troisième génération…
Je vous l’ai mentionné en début d’article, Pierre laisse de plus en plus de place à son fils dans l’entreprise. Ok, Fred n’écoute pas, qu’est-ce que vous pensez de son travail?
«Fred fait un travail qui surpasse nettement mes attentes. Je pars en vacances 2 mois, j’ai aucune inquiétude, aucun stress. Je sais que tout va bien aller. Quand tu crées un lien de confiance, un sentiment d’appartenance et de respect avec ton staff, ta business va rouler; c’est ça le secret!»
Je lui ai demandé à quel âge Frederik a commencé à s’intéresser à l’entreprise et à l’industrie en général :
«Probablement dans le ventre de sa mère! (Rires) Il a toujours trippé, il aimait vraiment venir avec moi. Fred a toujours été un enfant très sociable aussi, alors il aimait beaucoup le contact avec les gens.»
Je lui ai demandé s’il s’inquiétait pour l’avenir de l’industrie:
«Oui je suis inquiet pour l’avenir; mais la relève je la travaille chaque jour, j’investis dans la prochaine génération. Je n’ai jamais vraiment été patient, mais avec mes enfants oui. Je coach Fred tous les jours pour qu’il soit le meilleur gestionnaire possible. Je me vois comme un genre de professeur à l’université de la vie.»
La différence Laberge
Ce qui est également épatant chez Groupe Laberge, c’est que fils et père ont exactement la même vision de l’entreprise et de son avenir. Sans se consulter, quand je leur ai demandé la plus grande force de Groupe Laberge, tous deux m’ont dit : notre service.
F : «On est reconnu pour ça! C’est avec le service qu’on forge notre réputation depuis 50 ans. On donne un service rapide et de qualité. Quand on donne un délai à un client, on s’arrange pour le respecter.»
Son père rajoute :
«On est la seule entreprise de remorquage certifiée ISO (certification attestant de la qualité du service). Il y a l’accessibilité aussi; souvent le client veut parler à un dirigeant, alors en appelant chez nous, il a 3 chefs d’entreprise compétents avec qui il peut s’entretenir.»
Laberge style
: «Tu sais pas écrire? T’as jamais touché à un towing de ta vie? Pas grave. Si t’as la volonté d’apprendre, on va te partir de zéro et te former façon Laberge.»
J’ai demandé à Fred ce qu’il cherchait chez un candidat potentiel: ponctualité, débrouillardise, et surtout, quelqu’un qui aime relever les défis.
Pour correspondre aux critères de qualité de service de l’entreprise, le candidat se doit évidemment d’être courtois et facile d’approche.
Ils ont donc trouvé le match parfait avec Alexandre Landry.
Je me suis rendu avec lui à Longueuil pour aller ramasser un petit Hino. Franchement, je suis toujours agréablement surprise des discussions intéressantes que j’ai avec les gens de l’industrie. Ça n’a pas été différent avec Alex; le gars est courtois, motivé, efficace et a une attitude incroyable. Je vous ai déjà parlé de l’importance de l’attitude? et bien pour Alex c’est tout naturel. Et ça c’est sans parler de son camion qui était plus que propre (j’étais gênée de mettre mes pieds à terre, même sur la serviette.)
Ce n’est pas donné à tous des aptitudes en relations publiques; j’ai étudié 4 ans en communication et plusieurs de mes collègues ne l’avaient juste pas… Alex il l’a, puissance 10! J’ai eu la chance de l’observer avant pendant et après le remorquage. Sa façon de mettre le client à l’aise, de converser naturellement pendant qu’il ramasse son truck, de s’intéresser à lui… Elle est là, la touche de plus qui fait la particularité du service de Groupe Laberge.
On a parlé de la génération Y comme des jeunes désintéressés et sans passion, et bien Alex en fait partie lui aussi et je peux vous assurer que ce n’est définitivement pas ça l’impression qu’il laisse.
(On salue le client d’ailleurs, qui doit encore attendre mon reportage à TVA Nouvelles (Oui, Alex c’est un comique.))
Dépasser le choc des générations
Remorquage Laberge est formé d’une équipe de gens assez éclectique, de tout âge, de tout genre :
«Les gars sont tous très différents; il faut que tu apprennes à faire ressortir les forces et gérer les qualités et défauts de chacun.»
J’ai discuté avec Alex de comment il voyait ça le «choc des générations» :
«C’est difficile des fois avec les employés qui sont ici depuis longtemps, on ne travaille pas de la même façon et on ne communique pas non plus de la même façon. Ça peut créer des frictions entre les gars; on arrive sur une scène d’accident, et on n’a pas pantoute la même idée de la façon qu’on va gérer la situation. Mais avec le temps, on trouve des façons de travailler ensemble.»
Cette conciliation-là, c’est très important.
Il est clair que d’une génération à l’autre, des changements interviennent et rendent la collaboration plus compliquée. La relève est certes significative de changements, mais aussi de nouvelles idées et de nouveaux talents à exploiter. Si les employés-doyens possèdent l’expérience et la connaissance, ceux-ci se doivent d’avoir une attitude ouverte afin de faire coexister les modèles générationnels, et en tirer tout le positif. Pierre m’assure que ses vétérans sont très ouverts et cherchent à s’impliquer :
«Nos plus anciens employés veulent montrer aux jeunes, ils aiment ça! Si le jeune a une attitude positive et qu’il est prêt à apprendre, il va apprendre plus en 1 mois chez nous qu’en deux ans ailleurs.»
Là où le choc des générations devient problématique, c’est si les gens ne sont pas ouverts à l’aide et au support des autres :
«Un gars qui rentre ici et qu’il pense qu’il sait tout, ça, ça marche pas. J’ai 52 ans et j’apprends encore tous les jours, alors vient pas me dire que le kid de 20 ans a rien à apprendre.»
C’est ça la sagesse; comprendre qu’on ne peut pas tout savoir, mais qu’on peut toujours apprendre.
Et…Action!
Ce qui est bien avec l’industrie, c’est que peu importe le genre de personne que tu es, au final, tout le monde est réuni par la même passion.
«On se lève tous le matin en espérant en avoir une coupe à relever dans la journée.»
Même avec toutes tes responsabilités, fais-tu toujours du remorquage? :
«Certainement! J’en fais parce que j’aime ça, quand même souvent! J’aime ça arriver sur une job et devoir me creuser la tête; bon, comment on le ramène au bureau ce truck-là?»
Pierre fait un sourire satisfait quand je lui parle de la façon de travailler à Fred :
«Travailler avec son gars sur une scène d’accident c’est extraordinaire. Fred a tout compris; j’ai toujours dis à mes employés qu’il faut analyser et penser une job; on est mieux de prendre du temps avant que de s’arrêter en plein milieu parce qu’on se rend compte que ça ne marche pas.»
Et vous M. Laberge, en faites-vous toujours du remorquage?
«Oui j’en fait toujours! Je suis un passionné, alors je vais toujours aimer ça. Je n’aime pas que les clients attendent non plus, alors si les gars ont besoin, je n’hésite pas à me salir les mains.»
#towlife
Ce n’est pas la première fois qu’on en parle, plusieurs acteurs dans l’industrie du remorquage ne voit pas le job comme un job, mais comme un style de vie. J’ai demandé à Fred son opinion sur la question :
«Pour moi ce n’est pas vraiment un travail, c’est plus comme une activité! Je suis content de me lever le matin pour aller au travail.» Excellente attitude M.Laberge!
On a aussi jasé de sa relation avec les autres entreprises de notre industrie;
«Avec l’industrie, ce qui est le fun, c’est la collaboration entre les entreprises; on reste en contact, on prend des trucs des autres… J’aime la chimie qu’il y a! Depuis que Serge (Landry) a ramené le programme Wreckmaster, ça a tissé beaucoup de liens entre les compagnies.»
Cette chimie-là, on la voit dans l’entraide que les différentes compagnies s’apportent :
«Souvent, le soir, je retourne chez moi avec une flèche. Si je croise une compagnie qui fait un remorquage, peu importe laquelle, je vais arrêter pour la protéger. La vie de tous les opérateurs est importante, pas juste celle de mes gars. »
Formation et support
J’ai demandé à Pierre et Fred s’ils accordaient une grande importance à la formation chez Groupe Laberge : «Oui c’est vraiment important! Même si le gars a 10 ans d’expérience quand on l’engage, il va passer de 3 jours à 2 semaines avec un de nos chauffeurs pour évaluer ses compétences et voir comment on peut l’aider à évoluer et s’améliorer.»
Il poursuit : «On veut former les gars à notre façon aussi; comment tu passes tes chaines, comment tu déposes le truck sur un bloc de bois… et tous nos gars qui font du lourd suivent la formation Wreckmaster aussi.»
Groupe Laberge x NRCFAMILY
La flotte de 40 véhicules des Laberge est essentiellement composée d’équipements NRC. Marcel se rappelle avoir vendu des équipements à Laurent, le père de Pierre, puis à lui et maintenant à Fred! Alors NRC et Laberge, c’est une longue histoire d’amour. J’ai demandé à Fred ce qui faisait en sorte qu’ils demeurent fidèles à nous après autant d’années :
«Le service donné, la qualité des équipements et la proximité de l’endroit. Tant que le produit est bon et que le service est là, je ne vois pas pourquoi on irait ailleurs.»
Alors on va s’arranger pour vous garder avec nous encore longtemps, peut-être jusqu’à la quatrième génération? (Pas de pression là Fred ;))
Je lui ai également demandé son meilleur souvenir avec les Industries NRC. Fred se rappelle :
«Mon premier show en Floride! J’étais encore jeune et Norbert nous avais laissé essayer le rotatif. C’était fou!»
Et pour la suite…
Alors finalement, qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter dans l’avenir? Où voyez-vous votre entreprise dans 10 ans?
«On vise une croissance contrôlée. Peut-être diversifier notre offre, toujours en conservant ce qui fait notre force; notre service.»
Sages paroles, surtout venant d’un jeune de 23 ans!
Pierre abonde dans le même sens :
«J’espère avant tout avoir encore une entreprise en santé financièrement et une entreprise qui continue à aller de l’avant. Peut-être grossir, se diversifier, qui sait!»
Moi en tout cas, je sais que vous aurez du succès peu importe le chemin que vous emprunterez.
J’ai passé une journée incroyable avec Fred et Alex; des gars accueillants, polis et brillants. C’est rafraîchissant de discuter avec des jeunes qui sont passionnés par ce qu’ils font et qui ont de l’ambition.
Pour conclure le sujet, le choc des générations est un concept archi-pertinent en 2016 avec l’arrivée des technologies numériques en entreprise qui bouleverse les codes, la hiérarchie et même le rapport au travail. Plusieurs générations se côtoient aujourd’hui dans les environnements de travail et la finesse de la conciliation passe par une ouverture d’esprit et une envie d’aider. Prenez Marcel Pouliot et moi par exemple; 50 ans de différence, pourtant c’est un des employés avec qui je m’entends le mieux. Pourquoi? Parce que nous avons une attitude positive et comprenons que les forces de l’un peuvent bénéficier à l’autre.